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La Samaritaine : renaissance d’un quartier

Après cinq ans de travaux, la Samaritaine a ouvert ses portes en juin 2021. Entièrement restructuré par Petit, l’ensemble désormais mixte accueille l’emblématique grand magasin restauré, mais aussi un Hôtel Cheval Blanc, des restaurants, des bureaux, des logements sociaux et une crèche. Visite guidée.

La renaissance de l’îlot situé dans le 1er arrondissement de Paris est d’abord celle d’un quartier. Par son volume – 70 000 m2 d’un seul tenant –, par sa situation – en plein cœur de la capitale – et par son ambition – faire des bâtiments un ensemble immobilier cohérent –, le projet mixte imaginé par la Samaritaine (Groupe LVMH) et conduit par Petit, s’est hissé aux premiers rangs des plus importantes opérations européennes de réhabilitation réalisées ces dernières années. Les équipes ont orchestré un programme multifonctionnel et multiforme en cinq partitions menées parallèlement dans deux bâtiments. Aujourd’hui, le quartier comprend non seulement le nouveau grand magasin Samaritaine Paris Pont-Neuf avec 30 000 m2 de surface rénovés, l’Hôtel Cheval Blanc Paris, 16 000 m2 de bureaux, 96 logements sociaux et une crèche. De quoi revitaliser ce morceau de ville entre les quais et la rue de Rivoli.

L’un et le multiple

Si la diversité d’usages marque aujourd’hui les esprits, cette multiplicité d’affectations a rendu complexe et stimulant le travail de l’entreprise générale dès la genèse du projet. « Rien que pour les espaces commerciaux, les logements et les bureaux, nous avions une vingtaine de lots à étudier impliquant des fonctionnalités, des volumes et des modes constructifs différents », se souvient Cyrille Giboux, directeur délégué, Petit. Pour faciliter la coordination de travaux aux enjeux singuliers, les équipes ont mis en place une organisation minutieuse divisant le chantier en trois zones correspondant aux deux bâtiments de la Samaritaine, excepté la partie occupée par l’hôtel. « Sur chaque zone, un responsable, un chef de chantier et un maître compagnon étaient référents, explique Patrick-Henri Fournier, directeur d’exploitation, Petit. La logistique, le matériel et les équipements étaient quant à eux gérés en commun. »

L’ingénierie et la technique

Conduire les études en amont des travaux, notamment pour le bâtiment central Art nouveau et pour l’îlot Rivoli, a été un atout déterminant dans la capacité de Petit à renforcer et à faciliter la relation avec la maîtrise d’œuvre sur un chantier nécessitant inventivité technique et dialogue incessant pour maîtriser la coactivité. Exemple : pour pouvoir déposer la “peinture des paons” de l’atrium avant sa restauration, Petit a installé des appareils élévateurs spécifiques et aménagé des zones de stockage sans humidité et hors d’air, en évitant toute incidence sur le quotidien du chantier. Par manque d’emprise au sol, les équipes ont également dû faire preuve de pragmatisme. « Nous avons levé les anciens escalators au palan plutôt qu’à la grue», précise Anne-Laure Philibert, directrice Travaux, Petit.

L’ancien et le moderne

Tout le patrimoine Art nouveau et Art déco hérité des architectes Frantz Jourdain et Henri Sauvage a été valorisé dans son décor d’origine. « Nous avons déposé l’intégralité des garde-corps en fer forgé qui entourent les deux atriums, pour les remettre en place après rénovation en atelier, indique Patrick-Henri Fournier. L’escalier monumental a été presque entièrement refait à neuf avec dépose, curetage et ajustage des marches sur sa charpente conservée. » À l’extérieur, Petit a piloté la conservation et la restauration des décors des façades. Panneaux de lave émaillée, pinacles et mosaïques font ainsi écho à la façade contemporaine en voile de verre ondulé conçue par l’agence Sanaa côté Rivoli. Le besoin de haute précision s’est exprimé cette fois dans la géométrie de la seule construction neuve.

La structure et le détail

D’importants renforts structurels ont permis de conserver la charpente métallique classée au titre des monuments historiques. « Nous avons dissimulé tous les câbles des réseaux électriques », poursuit Anne-Laure Philibert. Les rivets de fixation ont été réalisés à chaud selon les méthodes traditionnelles. « Plusieurs compagnons ont été formés à leur fabrication sur site pour gagner en rapidité » ajoute-t-elle. Là où la consolidation est désormais invisible, c’est le sens des finitions qui prédomine à chaque pas. « Le travail d’orfèvre orchestré par Petit s’illustre autant dans l’augmentation de la charge des planchers que dans la précision des calepinages au sol conjuguant bois clair, céramiques et terrazzo », conclut Cyrille Giboux.